Depuis la naissance de mon fils, j’aspire à un accompagnement respectueux de mes enfants.
Mais il y a environ 4 ans, j’ai vécu comme un passage à vide dans ma parentalité « bienveillante ».
J’avais beau avoir les meilleures intentions, être toujours aussi convaincue par la nécessité d’accompagner les enfants avec respect, je n’y arrivais plus avec mon fils.
Tout avait pourtant plutôt bien commencé pour nous : les toutes premières années, j’étais vraiment en phase avec l’accompagnement que je lui offrais au quotidien. Je m’étais trouvée dans le maternage proximal, l’accompagner avec respect me semblait comme la suite logique et malgré les difficultés qui pouvaient bien sûr survenir, et les doutes évidemment inhérents à l’accompagnement d’un premier enfant sur un chemin alternatif, je trouvais que je gardais plutôt bien le cap.
Et puis, quelques mois après la naissance de ma fille, la situation s’est gâtée.
Des comportements dérangeants de mon fils « inédits » et récurrents que je ne comprenais pas, que je ne m’expliquais pas.
Des attentes sûrement trop élevées envers lui que je voyais « grand » d’un coup, mais qui en réalité était encore si petit et immature.
Des difficultés d’allaitement importantes.
Mon bébé qui avait un besoin d’être porté constamment mais refusait le portage en écharpe.
La fatigue et la difficulté de m’occuper de 2 enfants en bas âge H24, avec si peu de relai.
Là, j’ai basculé.
Des comportements ont commencé à m’échapper, et ce de plus en plus souvent, au point que les Violences Educatives Ordinaires (VEO) sont petit à petit venues faire partie de mon quotidien.
Des haussements de ton, des cris qui sont allés à plusieurs reprises jusqu’aux hurlements, des réprimandes, des gestes brusques parfois aussi (comme attraper et contenir trop fort les mains, arracher brutalement un objet des mains, ou pousser à l’en faire tomber par terre 💔 ).
J’étais épuisée, dépassée, enfermée dans certains schémas délétères sans même en avoir pleinement conscience, et surtout, déconnectée de mon fils, de ses besoins, de ce qu’il essayait de m’exprimer.
Alors oui, en théorie, je pratiquais la « parentalité positive ».
Sauf que telle que je la « pratiquais », cela ne pouvait pas fonctionner.
Il me manquait des clés essentielles.
Je n’avais pas fait le travail sur moi-même nécessaire.
Je ne comprenais pas mes réactions excessives, les mécanismes à l’origine.
Je n’avais pas soigné mes blessures du passé.
Je n’avais pas reconditionné mon cerveau pour sortir de mes réactions automatiques issues de ce passé.
Je ne parvenais pas à analyser de manière constructive les situations critiques à froid pour en sortir.
Je ne m’accordais pas assez de temps pour moi.
Je n’exprimais pas assez clairement mes besoins à ma famille comme à moi-même.
J’avais tendance à « prendre sur moi » et contenir mes émotions pour ne pas crier, au lieu de les libérer d’une manière saine (ce qui est la meilleure manière de finir par craquer, avec l’effet cocotte-minute…).
Il est vrai que je ne punissais pas.
J’essayais de mon mieux d’accompagner les tempêtes émotionnelles, et la plupart du temps j’y arrivais plutôt bien même.
Et je ne criais pas consciemment, jamais « par principe éducatif ».
Mais à côté de ça, je « craquais » souvent, car je me faisais rattraper par mes automatismes.
Parce que le travail ne se faisait qu’en surface.
J’avais aussi tendance parfois à chercher à changer le comportement de mon fils par des « stratagèmes », avec des techniques trouvées dans les livres, sans me remettre en question ni vraiment m’interroger sur la cause de ces comportements.
Donc quand un problème plus « difficile » (de mon point de vue) se posait, j’étais incapable de gérer. Surtout s’il venait toucher un point sensible chez moi (dont j’ignorais encore l’existence).
Je ne pouvais pas accueillir la vague. Je ne parvenais pas à prendre le recul nécessaire.
La rage s’emparait de moi.
Je réagissais au quart de tour, de manière impulsive.
Parfois même explosive avec des hurlements, des gestes brusques.
Concernant ces « gros craquages » (c’était comme tels que je percevais mes crises de rage), j’étais à chaque fois horrifiée, je m’effondrais a posteriori.
Je culpabilisais énormément. Je me promettais de ne pas recommencer… jusqu’à la prochaine fois. Car malgré toute ma bonne volonté, je ne parvenais pas à les faire disparaitre de nos vies.
Les mêmes scènes se répétaient, parfois au détail près.
Je me sentais en échec et impuissante.
A côté de cela, je ne comprenais plus mon enfant.
Je m’éloignais petit à petit de lui sur le plan émotionnel.
D’ailleurs, arrivé à un certain point, il était de plus en plus fréquent que lors de ses tempêtes émotionnelles, je ne parvienne plus à éprouver de l’empathie envers lui, à me connecter à ses besoins.
Notre relation se détériorait.
Il était urgent d’agir en profondeur. De traiter le vrai problème à sa source.
Evidemment, les choses ne se sont pas faites du jour au lendemain.
Parce que quand on a pris l’habitude de crier souvent, ce schéma est bien ancré dans le cerveau, et le modifier demande un vrai travail.
J’ai choisi de faire enfin ce travail, et je m’y suis mise très sérieusement.
J’ai analysé les comportements de mon fils qui me posaient problème, pour essayer de mieux les comprendre.
J’ai changé à nouveau ma façon de le voir, en posant sur lui un regard plus empathique.
En me documentant de manière plus pointue encore sur le développement de l’enfant et le fonctionnement de son cerveau.
En me répétant comme un mantra qu’il faisait toujours de son mieux.
J’ai analysé mes propres comportements débordants. Mes points sensibles. Mes failles.
Bref, j’ai pris beaucoup de recul sur tout ça pour mieux comprendre.
J’ai fait un véritable travail sur moi-même. J’ai travaillé sur mes blessures du passé.
J’ai passé un temps phénoménal à faire des recherches en neurosciences, en développement personnel…
J’ai essayé des choses, j’ai échoué, j’ai persévéré… J'ai tant appris...
Et finalement, via un plan d'action concret que je me suis fabriquée "sur mesure", j’ai comme «reprogrammé » mon cerveau pour l’entrainer à réagir comme JE le choisissais de manière consciente, et non via des automatismes passés.
J’ai pris de nouvelles habitudes, de bonnes habitudes. J’ai découvert des outils puissants qui m’ont beaucoup aidée (et m’aident d’ailleurs encore aujourd’hui au quotidien).
Et j’ai petit à petit pu réparer la relation avec mon fils.
Et un jour, j’ai réalisé que cela faisait plusieurs mois que je n’avais pas crié sur mon fils.
Etant donné que j’en étais rendue à des cris casi-quotidiens, c’était une sacrée belle victoire !